Sanctoral

Sainte Victoire naquit à Tivoli, près de Rome, de parents nobles et chrétiens, au IIIème siècle. Elle fut fiancée à un païen, nommé Eugène. Sainte Anatolie, sa sœur ou son amie, était aussi accordée à un païen du nom d’Aurèle ; mais elle ne voulait point d’autre époux que Jésus-Christ. Aurèle, qui avait une entière passion pour elle, pria sainte Victoire de travailler à cette alliance et de vaincre la résistance de sa fïancée. Sainte Victoire trouva pour cela des paroles très pressantes ; mais sainte Anatolie lui répondit entre autres choses : « Ma chère sœur, le jour que je distribuai aux pauvres le prix de mes joyaux, j’eus une vision, dans laquelle un jeune homme me parut avec un diadème d’or sur la tête, vêtu de pourpre et couvert de pierres précieuses. Il me dit d’un air agréable et d’un visage plein de gaieté : « Ô virginité, qui êtes toujours dans la lumière et jamais dans les œuvres de ténèbres ! » À ces paroles, je m’éveillai fort triste de n’avoir pas entendu le reste ; et je me jetai à terre, les larmes aux yeux, priant Jésus-Christ que celui qui m’avait dit ce peu de mots continuât de m’instruire. Comme, j’étais ainsi prosternée, le même jeune homme ajouta : « La virginité est une pourpre royale, qui relève celles qui en sont revêtues au-dessus de toutes les autres. La virginité est une pierre d’un prix inestimable ; la virginité est le trésor immense du Roi des rois. Les voleurs tâchent de la ravir à ceux qui la possèdent ; conservez,-la avec toute la diligence possible, et soyez d’autant plus sur vos gardes pour la conserver, que vous la possédez dans un degré plus éminent. » » Un discours si puissant et si pathétique toucha vivement sainte Victoire. Elle fut heureusement vaincue par celle qu’elle avait entrepris de vaincre ; et, ayant pris la résolution de demeurer vierge, elle vendit, comme sainte Anatolie, ce qu’elle avait de bagues et d’autres vains ornements, et en donna tout l’argent aux pauvres. Dès qu’Eugène et Aurèle surent la résolution de ces deux généreuses filles, ils n’épargnèrent rien pour les obliger à en venir au mariage. Ils s’adressèrent pour cela à l’empereur même, et ils en obtinrent la permission de les enlever et de les mener en leurs maisons de campagne, pour tâcher de les gagner, ou par la douceur, ou par les menaces et même par les mauvais traitements. Sainte Victoire, fut à l’épreuve de toutes les sollicitations et de tous les outrages d’Eugène. Il la garda quelques années dans sa maison, pendant lesquelles il ne lui faisait donner pour nourriture qu’un morceau de pain le soir. Il lui fit aussi beaucoup d’autres maux indignes de sa naissance et de sa vertu, pour la réduire à l’épouser et à adorer les idoles. Mais ce fut inutilement. Sainte Victoire demeura invincible au milieu de tant de supplices. Elle eut même l’adresse, dans le peu de liberté qu’elle avait, de gagner plusieurs épouses à Jésus-Christ, en persuadant à plusieurs jeunes filles qui venaient la voir de lui consacrer leur pureté virginale. Adelme, évêque des Saxons occidentaux, en Angleterre, qui a composé son histoire en vers héroïques, rapportés par Surius en ce jour, dit qu’elle en assembla jusqu’à soixante qui menaient une vie angélique et qui chantaient, jour et nuit, des hymnes et des psaumes en l’honneur du vrai Dieu. Il ajoute qu’elle fit plusieurs miracles. Enfin, Fugène, lassé de sa persévérance, obtint de Julien, pontife du Capitole et comte des temples, un bourreau nommé Tiliarque pour la faire mourir. Celui-ci lui donna un coup d’épée dans le cœur, et en fit une glorieuse martyre de Jésus-Christ. Ce fut sous la persécution de Dèce, le 23 décembre de l’année 253, saint Lucius Ier étant Pape et Émilien empereur. Le malheureux qui lui avait donné le coup de la mort, devint aussitôt lépreux ; et au bout de six jours, il mourut rongé de vers. Le corps de la Sainte fut enterré là où elle avait été exécutée. Sa mémoire est marquée dans les quatre Martyrologes et principalement en celui d’Adon. Il y a plusieurs autres Saintes du nom de Victoire, qu’il ne faut pas confondre avec cette illustre victime de la chasteté.

Martyrologe

A Rome, sainte Victoire, vierge et martyre. Durant la persécution de l’empereur Dèce, étant fiancée à un païen nommé Eugène et ne voulant ni se marier ni sacrifier, elle eut, à la demande de son fiancé, le cœur percé d’un coup d’épée par le bourreau, après avoir par de nombreux miracles, gagné à Dieu un grand nombre de vierges.

A Nicomédie, la passion des saints Migdoine et Mardoine. L’un fut brûlé durant la persécution de Dioclétien, l’autre mourut dans une fosse où on l’avait jeté. En ce même temps souffrit aussi un diacre de saint Anthime, évêque de Nicomédie. Comme il portait des lettres aux martyrs, il fut arrêté par les païens qui le lapidèrent, et s’en alla ainsi vers le Seigneur.

Au même lieu, l’anniversaire de vingt bienheureux martyrs, dont la même persécution de Dioclétien fit, par d’horribles tourments, les martyrs du Christ.

En Crète, les saints martyrs Théodule, Saturnin, Eupore, Gélase, Eunicien, Zétique, Léomène, Agathope, Basilide et Évariste, qui durant la persécution de Dèce souffrirent de cruelles tortures et furent décapités.

A Rome, le bienheureux Servule. D’après le pape saint Grégoire, depuis l’âge le plus tendre jusqu’à la fin de sa vie, il demeura paralytique, étendu sous un portique près de l’église de saint Clément. Enfin, invité par le chant des Anges, il passa de la terre à la gloire du paradis. Dieu a très souvent opéré des miracles à son tombeau.

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