Énième rebondissement dans le feuilleton du Brexit. La Cour suprême britannique a jugé « illégale », ce mardi, la décision du Premier ministre Boris Johnson, signée par la reine Elisabeth II de suspendre le Parlement et ordonné qu’il siège à nouveau « dès que possible » : fin août, Boris Johnson avait créé la surprise en annonçant la suspension du Parlement pendant cinq semaines, jusqu’au 14 octobre, soit deux semaines seulement avant la date butoir du Brexit. Et ce afin de procéder à cette sortie de l’union Européenne voulue par les Britanniques mais contrée par tous les moyens tant par les technocrates bruxellois que par les politiciens de Grande-Bretagne opposés à ce Brexit.
Les juges ont suivi l’argumentaire des adversaires du chef de gouvernement, qui l’accusaient d’avoir suspendu le Parlement pour museler l’opposition et sortir le Royaume-Uni de l’UE le 31 octobre, même sans accord de divorce. Boris Johnson n’a eu de cesse de répéter que la suspension du Parlement était justifiée afin de préparer et présenter ses priorités politiques nationales après son arrivée au pouvoir fin juillet. Il n’est pas inhabituel pour un dirigeant au Royaume-Uni d’ajourner la session parlementaire à cette fin. En outre, le Parlement ne siège traditionnellement pas pendant quelques semaines en septembre, au moment des congrès annuels des partis. Mais cette suspension, qui avait aussi pour motif de préparer le Brexit sereinement, a suscité l’ire des anti-Brexit, notamment de la la militante anti-Brexit Gina Miller, à l’origine d’un des recours.
« Le parlement n’a pas été suspendu », a déclaré la présidente de la Cour suprême, lady Hale, jugeant qu’il devait à nouveau siéger « dès que possible », une décision avec laquelle Boris Johnson n’est « pas d’accord », mais qu’il « respectera ». Les onze juges de la Cour Suprême ont estimé à l’unanimité que la demande faite à la reine par Boris Johnson de suspendre le Parlement pendant cinq semaines était « illégale, nulle et sans effet ». « La décision de conseiller à Sa Majesté de suspendre le Parlement était illégale, car elle empêchait le Parlement de s’acquitter de ses fonctions constitutionnelles sans justification raisonnable », a déclaré Brenda Hale, la présidente de la Cour suprême.
Le chef de file des Travaillistes, Jeremy Corbyn, ardent opposant au Brexit, a appelé Boris Johnson à démissionner sur-le-champ et à devenir ainsi « le premier ministre le plus éphémère de tous les temps ».
Le Parlement britannique a ouvert à nouveau ses portes ce mercredi matin.
Francesca de Villasmundo
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