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23 décembre 1951 – On a brulé le Père Noël : une époque où l’Eglise ne craignait pas de dire la vérité !

Photo de l'article de France-Soir du lundi 24 décembre 1951
Photo de l’article de France-Soir du lundi 24 décembre 1951

Rapide évocation de l’origine du « Père Noël »

Selon la tradition, Nicolas de Myre, autrement dit saint Nicolas, est le personnage qui a servi de source d’inspiration au « Père Noël » parce son hagiographie rapporte qu’il a ressuscité trois enfants assassinés par un horrible boucher. Ce miracle lui a valu d’être présenté comme le saint protecteur des tout petits. Ainsi le 6 décembre de chaque année, dans les pays d’Europe du Nord et de l’Est, la coutume veut qu’un personnage, habillé comme on imaginait que saint Nicolas l’était – grande barbe, crosse d’évêque, mitre, grand vêtement à capuche – va alors de maison en maison pour offrir des cadeaux aux enfants sages.

Le Père Noël est un « avatar » de saint Nicolas, ou plutôt d’un saint Nicolas tel qu’il était encore avant que la réclame de Coca-Cola, en l’habillant d’une casaque et d’un pantalon rouge- et non plus vêtu de l’habit long d’un évêque -, ne le transforme en un bonhomme rond et rieur, conforme à une certaine iconographie propre à l’imagination hyper-consumériste des Américains.

Claude Lévi-Strauss (1908-2009), fondateur du structuralisme (1), – et qui n’est pas de nos « amis » – a écrit à propos de la déviance du saint Nicolas catholique vers le Père Noël du nouveau continent :

« Il est révélateur que les pays latins et catholiques, jusqu’au siècle dernier, aient mis l’accent sur la Saint Nicolas, c’est-à-dire sur la forme la plus mesurée de la relation, tandis que les pays anglo-saxons la dédoublent volontiers en ses deux formes extrêmes et antithétiques de Halloween où les enfants jouent les morts pour se faire exacteurs (2) des adultes, et de Christmas où les adultes comblent les enfants pour exalter leur vitalité. »

L’affaire insolite qui nous occupe : on a brûlé le Père Noël après l’avoir pendu

C’est ce que nous apprend un article de France-Soir du lundi 24 décembre 1951 avec photo à l’appui (voir ci-dessus).

« Le père Noël a été pendu hier après-midi aux grilles de la cathédrale de Dijon… et brûlé publiquement sur le parvis. Cette exécution spectaculaire s’est déroulée en présence de plusieurs centaines d’enfants des patronages.Elle avait été décidée avec l’accord du clergé qui avait condamné le père Noël comme usurpateur et hérétique. Il avait été accusé de paganiser la fête de Noël et de s’y être installé comme un coucou en prenant une place de plus en plus grande. On lui reproche surtout de s’être introduit dans toutes les écoles publiques d’où la crèche est scrupuleusement bannie. Dimanche à trois heures de l’après-midi, le malheureux bonhomme à barbe blanche a payé comme beaucoup d’innocents d’une faute dont s’étaient rendus coupables ceux qui applaudiront à son exécution. Le feu a embrasé sa barbe et il s’est évanoui dans la fumée.

À l’issue de l’exécution, un communiqué a été publié dont voici l’essentiel : « Représentant tous les foyers chrétiens de la paroisse désireux de lutter contre le mensonge, 250 enfants, groupés devant la porte principale de la cathédrale de Dijon, ont brûlé le Père Noël. Il ne s’agissait pas d’une attraction, mais d’un geste symbolique. Le Père Noël a été sacrifié en holocauste. À la vérité, le mensonge ne peut éveiller le sentiment religieux chez l’enfant et n’est en aucune façon une méthode d’éducation. Que d’autres disent et écrivent ce qu’ils veulent et fassent du Père Noël le contrepoids du Père Fouettard. Pour nous, chrétiens, la fête de Noël doit rester la fête anniversaire de la naissance du Sauveur.« 

L’exécution du Père Noël sur le parvis de la cathédrale a été diversement appréciée par la population et a provoqué de vifs commentaires même chez les catholiques. D’ailleurs, cette manifestation intempestive risque d’avoir des suites imprévues par ses organisateurs. »

Le cardinal Jules Saliége, archevêque de Toulouse, s’est empressé de soutenir le clergé de la cathédrale de Dijon en déclarant sans embage :

« Ne parlez pas du Père Noël pour la bonne raison qu’il n’a jamais existé. Ne parlez pas du Père Noël, car le Père Noël est une invention dont se servent les habiles pour enlever tout caractère religieux à la fête de Noël. Mettez les cadeaux dans les souliers de vos enfants , mais ne leur dites pas ce mensonge que le Petit Jésus descend dans les cheminées pour les apporter. Ce n’est pas vrai. Ce qu’il faut faire, c’est donner de la joie autour de vous, car le Sauveur est né. »

A son tour le porte-parole de l’épiscopat français appuyait cette action symbolique dans France-Soir du 24 décembre par ces mots sans ambiguïté :

« Le Père Noël et le sapin se sont introduits dans les écoles publiques alors qu’ils sont la réminiscence de cérémonies païennes liées au culte de la Nature qui n’ont rien de chrétiennes alors qu’au nom d’une laïcité outrancière la crèche est scrupuleusement bannie des mêmes écoles.(3) »

Depuis ces prises de position courageuses – qui même à cette époque allaient à contre-courant de la pensée dominante – beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Beaucoup d’eau trouble qui s’est échappée du Concile Vatican II et a innondé les esprits de ceux-là mêmes qui sont chargés de nous enseigner.

C’est ainsi que l’on peut lire dans Le Parisien du 5 décembre 2014, à propos de la volonté d’interdire les crèches dans les lieux publics, le minable et misérable communiqué de Mgr Bernard Podvin, porte-parole des évêques de France, qui, écrit le journaliste, « communique sur le sujet avec une prudence épiscopale, fuyant toute polémique » :

«Une décision de droit ne se commente pas en tant que telle. L’Eglise catholique respecte la neutralité de l’Etat, mais il faut être aveugle pour ne pas discerner que la crèche touche la population d’un point de vue affectif bien plus large que sa signification religieuse. Le jour où notre société n’aura plus que la crèche à craindre est loin de se lever !»

On voit bien que cette action « insolite » ne serait plus comprise de nos jours. Il est cependant de notre devoir, y compris parmi nos véritables amis et les familles de la Tradition, de dénoncer cette paganisation qui submerge tout telle la vague du Rhin qui a fini par se jeter dans le Tibre (4).

Bonnes et joyeuses fêtes de la Nativité à tous.

La Porte Latine

Ce texte a été repris in-extenso avec l’aimable autorisation du webmaster de laportelatine.org

Note

(1) Structuralisme : courant des sciences humaines qui s’inspire du modèle linguistique et appréhende la réalité sociale comme un ensemble formel de relations. L’une de ses méthodes principales est l’analyse structurelle des textes littéraires. Pour les structuralistes, les processus sociaux sont issus de structures fondamentales qui sont le plus souvent non conscientes. Ainsi, l’organisation sociale génère certaines pratiques et certaines croyances propres aux individus qui en dépendent.
(2) Exacteurs : Celui qui exige, généralement par la force, le paiement de ce qui n’est pas dû ou de plus qu’il n’est dû.
(3) Que dirait-il aujourd’ui où Robert Ménard, maire de Béziers, dénonce les « ayatollahs de la laïcité » qui veulent interdire les crèches de Noël ?
(4) Le Rhin se jette dans le Tibre,de R-M. WiltGen, DMM, à commander chez Clovis-Fideliter : chronique complète du IIe concile du Vatican, ce livre doit son titre à Juvénal. Il y a deux mille ans le grand satiriste déplorait que la culture syrienne imprègne celle de Rome – que l’Oronte se jette dans le Tibre. Au Concile, les cardinaux, les évêques et les théologiens des pays que traverse le Rhin ont eu une influence dominante : les eaux du Rhin ont coulé dans le Tibre.

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