Plus de cinq millions de dévots se bousculent pendant des heures pour voir et toucher le « Nazaréen noir », une sculpture en bois sombre à l’effigie de Jésus. La statue est arrivée aux Philippines en 1606, apportée par un prêtre espagnol qui venait du Mexique. Elle est miraculeuse, extrêmement célèbre aux Philippines. Tout le monde veut s’en approcher. 

Beaucoup de fidèles suivent la procession pieds nus, en signe de pénitence, pour partager les souffrances de Jésus de Nazareth dans son chemin de croix. Certains, épuisés, se font porter de bras en bras pour atteindre l’objet de leur vénération. Les jeunes gens ont grimpé sur tous les arbres qui se trouvent sur le passage de la procession, on agite des mouchoirs blancs sur le passage de l’icône. 
Les fidèles du service d’ordre se relaient pour tirer le char qui porte la statue sur les boulevards de l’immense capitale de ce pays de 100 millions d’habitants. On se bouscule pour pouvoir embrasser les pieds de la statue, on prie interminablement, marchant les uns massés contre les autres dans la chaleur, sous une pluie fine qui salit les rues jonchées de papiers. On grimpe sur les épaules du voisin, on joue des coudes pour toucher ne serait-ce que les épaisses cordes qui servent à tracter le char. 

Le « Nazaréen noir » sillonne la ville depuis le petit matin. Pendant toute la journée, il embrase la capitale, saluant silencieusement les foules massées de part et d’autre du fleuve humain qui s’étire sur des kilomètres. La procession dure encore toute la nuit, jusqu’au lendemain matin, lorsqu’on réinstalle le « Nazaréen noir » dans la basilique qui lui est dédiée, dans le quartier de Quiapo. C’est une procession catholique comme on en voit plus en Europe. Cette Europe, dont les journaux s’étonnent de cette ferveur qu’ils qualifient d’irrationnelle. C’est pourtant cette même ferveur qui a bien dû animer l’Europe des croisades et des cathédrales. Aujourd’hui, l’occident affiche des attitudes dîtes rationnelles, pourtant il n’y a pas plus déraisonnable que de nier l’existance de Dieu. Ses cathédrales ont des murs blanchis qui servent de musées et les calvaires sont recouverts de mousse. Chez eux, c’était lundi dernier, le 9 janvier 2017.

Source : http://edition.cnn.com/2017/01/10/asia/philippines-black-nazarene/index.html

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