« Patron de tous les éducateurs chrétiens »

Pie XII l’a proclamé tel, et bien antérieurement, on l’a tout aussi justement appelé l’« Instituteur des Instituteurs ». Son oeuvre mérite pleinement ces titres et incarne au mieux celle de l’Eglise pour la scolarisation du peuple. Dans le calendrier catholique traditionnel, c’est aujourd’hui qu’il est fêté.

Il fut l’aîné de 11 enfants issus d’une famille de noblesse de robe dont l’hôtel particulier, toujours visible au cœur de Reims témoigne de l’importance sociale. Cela ne l’empêcha pas d’être attiré par la prêtrise, il devint chanoine à 16 ans, mais, en charge, après la mort de ses parents, de sa famille, il ne fut prêtre qu’à 27 ans, le 9 avril 1678. Dans sa ville natale, il reçut alors la mission d’ouvrir des écoles gratuites pour les filles puis pour les  garçons. Il renonce à son titre et à ses revenus de chanoine, distribue son héritage en faveur des pauvres, héberge des instituteurs etc … Il mesure alors le défaut de maîtres bien formés et de qualité, et en dépit de fortes oppositions et de procès pour concurrence « illicite », il donne naissance le 25 mai 1684 à la Congrégation des Frères des Ecoles Chrétiennes composée  tout d’abord de jeunes laïcs consacrés ayant accepté de se soumettre à la règle qu’il instaure. L’année suivante il crée, toujours à Reims, un Séminaire qui est aussi une Ecole normale d’instituteurs. La chose est totalement nouvelle, la formation des maîtres étant jusqu’alors aléatoire (1). Deux autres de ces écoles furent fondées à Paris et, en 1692, un Noviciat à Vaugirard. En 1698 il achève les règles de la Congrégation.

Etonnamment novateurs, le fondateur et ses disciples ont voulu répondre le plus possible à la diversité des besoins non satisfaits par plusieurs types d’écoles, avec des moyens inédits :

Outre les Ecoles normales :

  • Dans les écoles primaires (et plus tard secondaires), souvent déjà gratuites, l’organisation par classe est inventée, adaptée aux enfants groupés par niveaux qu’ils peuvent d’ailleurs changer mensuellement, quand, précédemment, on s’occupait individuellement des enfants, les autres restant inactifs. Le maître doit connaître l’écolier, son milieu social, et familial, s’adapter à son caractère en tenant un dossier pour chacun de ses élèves. Il ne doit pas, dixit Saint Jean-Baptiste de La Salles : « corriger les enfants dans le commencement qu’ils viennent à l’école». Il ne faut pas que l’écolier soit passif : il doit être amené à chercher et à poser des questions, il faut lui demander de composer des problèmes et de s’exercer à des travaux pratiques. Il doit aussi contribuer à la vie de l’école dans un rôle lié à un service : sonneur, visiteurs des malades, etc … Les écoles actuelles, dans le meilleur des cas, s’efforcent d’être, les héritières de ces apports, quand elles ne tombent pas dans les folies de l’ « éducation nouvelle ».
  • Pour les adultes au travail en journée, des cours du soir et du dimanche sont organisés pour améliorer leur culture ou leur situation.
  • Pour les fils de commerçants et d’artisans, des classes de formation professionnelles préparatoires à un métier sont créées : les élèves  apprennent de façon pratique, les travaux administratifs dont ils auront besoin dans leur futur métier  : contrats, imprimés, et autres documents. Enfin, pour rééduquer les enfants en difficulté et les jeunes délinquants, des « pensions de force » sont mises en place.

Saint Jean-Baptiste de La Salle voulut que les frères, dans la diversité de leurs missions, enseignent en profonde cohérence spirituelle et pédagogique, associant l’amour de Dieu et du prochain enseigné, par la Consécration à la Sainte Trinité et le dévouement total pour les élèves.

A la fin de sa vie, il se démît de ses fonctions. Il mourut le 7 avril 1719 dans la maison-mère qu’il avait fixée à Rouen.

Les « Frères quatre-bras » étaient ainsi dénommés à cause de leurs grands manteaux à manches flottantes sur leurs soutanes noires avec un large rabat blanc, mais également parce que leur activité donnait cette impression. Ils se sont répandus par milliers en France et dans le monde dans 80 pays sur 5 continents en des centaines d’institutions souvent techniques et professionnelles mais aussi de l’école maternelle à l’université.

Malheureusement aujourd’hui les Frères n’ont plus quatre bras et ne sont plus très nombreux, surtout en France, transmettant enseignement et direction à des laïcs sans consécration qui, dans leur sillage, ne sont fidèles à leur fondateur que dans la mesure où l’Eglise catholique, depuis Vatican II l’est au Sien … c’est-à-dire une mesure bien relative !

Cet héritage demeure pourtant utile et accessible à tout éducateur chrétien, qui, notamment, gagnerait beaucoup à méditer pour son inspiration les « Douze vertus d’un bon maître » énoncées par le frère Agathon, cinquième Supérieur général des frères en 1785, à savoir : la gravité, le silence, l’humilité, la prudence, la sagesse, la patience, la retenue, la douceur, le zèle, la vigilance, la piété et la générosité.

(1), si l’on excepte celle que recevaient les jésuites, mais, du moins en Europe, à destination moins populaire.

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