En cette fête, qui est une des plus anciennes et la plus solennelle du Cycle marial (VIe siècle), l’Église convie tous ses enfants, dans le monde catholique tout entier, à unir leur joie et leur reconnaissance à celles des anges qui louent le Fils de Dieu pour la glorieuse Assomption de sa Mère, la Très sainte Vierge Marie. C’est dans la basilique de Sainte-Marte-Majeure que se célébrait à Noël le mystère qui est le point de départ de toutes les gloires de la Vierge et c’est là encore que se célèbre aujourd’hui l’Assomption qui en est l’aboutissement; Marie porta en elle l’humanité de Jésus à son entrée dans ce monde et en cette fête, c’est Jésus qui à son tour reçoit au ciel le corps de Marie. Admise à jouir des délices de la contemplation éternelle, la Mère a choisi aux pieds de son divin Fils la meilleure part qui ne lui sera jamais ôtée; aussi lisait-on autrefois l’Évangile de la Vigile à la suite de celui de la fête, afin de montrer que la Mère de Jésus est heureuse entre toutes parce que, mieux que les autres, « elle écoute la parole de Dieu ». Cette parole, ce Verbe, cette Sagesse divine qui, sous l’Ancienne Loi, établit sa demeure dans le peuple d’Israël, est descendue, sous la Loi Nouvelle, en Marie.
Le Verbe s’est incarné dans le sein de la Vierge, et maintenant dans les splendeurs de la céleste Sion, il la remplit des délices de la vision béatifique. Comme Marthe, l’Église se livre sur la terre aux sollicitudes que nécessite la vie présente; mais, comme elle aussi, elle réclame l’aide de Marie.
Une procession fut toujours attachée à la fête de l’Assomption. A Jérusalem, c’était un cortège de nombreux pèlerins qui venaient prier près du tombeau de la Vierge et contribuèrent ainsi à l’établissement de cette solennité. Le clergé de Constantinople faisait également une procession en la fête du Repos et le l’Assomption de Marie. A Rome, du VIle au XVIe siècle, le cortège papal, où prenaient place les représentants du Sénat et du peuple, se rendait processionnellement de l’église de Saint-Jean-de-Latran à celle de Sainte-Marte-Majeure; c’est ce qu’on appelait faire la Litanie.
En France, la procession qui se fait le 15 août après les Vêpres, a pour but de rappeler la consécration qu’en 1638, à pareil jour, Louis XIII fit à Marie de sa personne, de sa famille et de son royaume; elle nous permet de ratifier ce vœu, qui doit nous attirer la protection toute-puissante de la Vierge.
MPI reproduit ci-dessous le sermon de monsieur l’abbé de Cacqueray prononcé le 15 août 2006 à Saint Malo.
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit il.
Chers confrères, Mes bien chers frères,
Nous ne voyons pas revenir cette fête de l’Assomption, cette grande fête de la Très Sainte Vierge Marie sans qu’une espérance profonde s’inscrive dans notre coeur, l’espérance que nos gémissements, que nos prières pour la conversion de la France, pour la conversion de nos âmes, pour le retour de l’Eglise vers sa Tradition, toutes ces grandes intentions présentes en nous mêmes, puissent être davantage entendues par la Très Sainte Vierge Marie .
La Très Sainte Vierge Marie, évidemment, est parfaitement attentive aux besoins, aux désirs de ses enfants . Si Notre Dame entend nos demandes et nos supplications, si nos coeurs sont vraiment préoccupés de lui demander la conversion de notre pays, le retour de l’Eglise à la Tradition, comment se fait il que nous en soyons là, acculés dans cette espèce d’impasse où il semble que le Catholicisme se trouve réduit aujourd’hui ? Force nous est de constater que la situation ne s’améliore guère.
Il est évident que la faute ne se trouve pas en Notre Dame, ni dans le Bon Dieu. Alors il nous faut regarder attentivement la manière dont nous formulons nos demandes : sans doute ne demandons-nous pas assez, sans doute demandons-nous mal. Voilà l’unique cause pour laquelle nos souhaits, nos aspirations ne se produisent pas plus rapidement, pas mieux. Il est certain que cette fête de l’Assomption ne produira des fruits que si une conversion se réalise dans la Tradition et au plus profond de nous mêmes. Les grandes victoires auxquelles nous aspirons sont d’abord remportées au fond des âmes .
C’était la volonté des saints, de sainte Jeanne d’Arc comme de saint Pie V, que de n’avoir comme compagnons d’armes que des soldats en état de grâce parce qu’ils savaient bien, les grands capitaines chrétiens, que c’est au dedans de nous mêmes que les choses commencent et que se trouvent livrées les batailles les plus décisives, celles qu’il est nécessaire de mener, non seulement pour obtenir de faire son salut éternel et pour parvenir à ce degré de perfection que le Bon Dieu veut de nous, mais parce qu’ il n’y a pas de grandes victoires extérieures s’il n’y a pas d’abord ces grandes victoires intérieures.
« Soyez parfaits comme votre Père du Ciel est parfait » ;
cette demande de Dieu n’est pas réservée à quelques-uns, elle est pour tous ! Prétendre à mener des conquêtes, des reconquêtes, des croisades, tracer les plans de la restauration du règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, est illusoire sans ce désir profond de sainteté que le Bon Dieu demande à tous, sans que nous nous attaquions bien plus fort encore à cet obscur chantier intérieur de sacrifices et d’immolation pour que la mort du vieil homme permette aux forces, aux vertus, à l’esprit de Notre Seigneur Jésus-Christ de régner en nous.
Rien de profond, rien de bien, rien de fécond ne s’opère sans cette sainteté persévérante de quelques âmes : si nous n’avions eu cette sainteté persévérante de Mgr Lefebvre, cette chapelle n’existerait pas, nous ne serions pas là. Il s’en est fallu d’une âme docile aux desseins de Dieu, à accomplir les inspirations du Saint Esprit, pour que tout se trouve modifié, changé profondément. Il s’en est fallu d’une seule âme ! Voilà à quoi les choses tiennent dans les plans de Dieu !
Alors, si nos supplications, si nos prières intérieures redoublent, si une ferveur nouvelle s’empare de nos âmes, nous toucherons le Coeur de la Sainte Vierge! Elle aura pitié de nous, comme elle a eu si souvent pitié dans l’Histoire de notre pays et elle obtiendra du Bon Dieu une miséricorde pour la France, pour les cours, pour chacun d’entre nous.
Parce que le Bon Dieu a protégé dans nos coeurs la foi qu’Il nous a donnée, nous devons mesurer la responsabilité conséquente qui est la nôtre. A ceux qui ont beaucoup reçu, il sera beaucoup demandé. Quelle responsabilité sur nos épaules, dans nos coeurs, dans nos âmes ! Si ce n’est pas des coeurs fidèles que cette prière, cette plainte profonde auprès du Bon Dieu, s’élève, d’où viendra t elle alors que nous demeurons si peu nombreux à conserver la foi aujourd’hui en France ?
Nous ne pouvons pas voir notre Eglise tomber en déliquescence, notre pays envahi par les faux cultes, les faux dieux, par la dégénérescence morale, sans être animés par un désir profond de servir d’instruments au Bon Dieu pour que Notre Seigneur Jésus-Christ retrouve sa place de Roi des coeurs et de Roi des sociétés. Nous n’avons pas le droit d’être indifférents, nous n’avons pas le droit à la médiocrité. Nous avons un devoir profond de vérité, de sainteté.
« Mon Dieu, donnez moi la grâce, donnez moi la force de me convertir ; donnez moi la grâce et la force de ne pas demeurer dans une sorte de christianisme, sans doute pratiquant, mais un peu facile, un peu confortable, avec ma Messe du dimanche, mais finalement si peu de mon coeur donné à Dieu, si peu de mon coeur pour Lui, tant il est envahi de préoccupations de cette terre .»
Mes bien chers frères, il est urgent de comprendre qu’il doit se produire en nous tous une sorte de réaction proportionnelle au mal qui s’amplifie partout. N’attendons pas un renouvellement du monde et des coeurs si nous ne comprenons pas que nos âmes doivent être profondément enracinées en Dieu pour y puiser la sève spirituelle qui produira les fruits que nous désirons tant.
Alors, l’activité extérieure, l’apostolat, ce désir de ramener des âmes à Jésus-Christ proviendront de ces forces intérieures que donne la grâce et c’est vraiment le plan de Dieu qui sera mis en place.
Voilà tout ce que nous demanderons avec beaucoup de supplications et beaucoup de force à la Sainte Vierge aujourd’hui. Fasse le coeur de Marie que nos résolutions soient humbles, profondes et persévérantes .Ainsi, reconquête, croisade, ne seront plus de vains mots parce que nous aurons compris que c‘est dans nos coeurs, à l’intime de nous mêmes, que doivent s’opérer d’abord la reconquête et la croisade.
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, ainsi soit il.
Abbé Régis de Cacqueray-Valménier †
Source : La Porte Latine
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