1. « Le président de Civitas est belge » :

S’il est vrai que c’est surtout en France que Civitas s’est développé, il est nécessaire de préciser ici que des groupes de Civitas existent dans bien d’autres pays et notamment en Allemagne, en Espagne, au Canada, en Suisse et en Belgique. Rien ne s’oppose donc à ce que la tête du mouvement soit un non-français. Ajoutons à cela que, lorsque le prédécesseur de Monsieur Alain Escada, l’Amiral François de Penfentenyo, a souhaité laisser la main, il ne s’est tout simplement trouvé aucun français pour accepter de prendre la suite. Terminons en soulignant, à l’heure de Bruxelles, que la connaissance des institutions européennes par le Président de Civitas est parfois bien précieuse.

II) « Civitas est devenu un parti politique » :

Civitas a effectivement dû accepter le statut de parti pour ne pas disparaître pour des motifs financiers. Nous invitons ceux qui en ont été heurtés à lire le troisième chapitre du livre de l’abbé Emmanuel Barbier : « Le devoir politique des Catholiques ». Le célèbre champion de l’antilibéralisme catholique y cite saint Pie X, dans sa première encyclique : «E supremi apostolatus » du 4 octobre 1903, encyclique où il donne son programme pontifical. Et le grand pape y déclare: «Des partis d’ordre capables de rétablir la tranquillité au milieu de la perturbation des choses, il n’y en a qu’un: le parti de Dieu. C’est donc celui-là qu’il nous faut promouvoir ; c’est à lui qu’il nous faut amener le plus d’adhérents possible, pour peu que nous ayons à cœur la sécurité publique ».

Avec sa verve inimitable, l’abbé Barbier débusque les contempteurs du « parti de Dieu »: « On proteste contre le mot de parti, parce qu’on se dérobe à la lutte ; et l’on rejette la dénomination de parti catholique, parce qu’une profession de principes chrétiens serait compromettante ». Il montre victorieusement, tant par l’exégèse de l’encyclique que par la politique de saint Pie X que c’est bien à la constitution de « partis catholiques » que le saint pape engageait les Catholiques. N’est-ce pas notre manque de docilité aux propositions de saint Pie X qui serait finalement le grand motif de nos reculades et de nos défaites sans fin?

III) « Tant que j’ai une bonne messe, le dimanche et une bonne école pour mes enfants, je ne me sens pas concerné » :

Il faut déplorer la myopie et la folie de ceux qui parlent de la sorte. Qu’ils ne se sentent pas concernés par les blasphèmes publics prononcés contre Dieu par les hommes politiques, par l’irréligion et l’athéisme, par l’apostasie de la France et par la promulgation de lois qui détruisent jusqu’aux fondements de l’ordre naturel; qu’ils n’aient pas le cœur serré de transmettre à leurs enfants une patrie avilie et plongée dans la fange de l’immoralité, constitue à nos yeux l’acmé de l’individualisme. Rien ne manifeste mieux la perte tragique du sens du bien commun et rien ne s’oppose davantage aux ambitions politiques d’un saint Pie X ou d’un Monseigneur Lefebvre. Lorsque l’incendie ravage une région, le père de famille attendra-t-il pour apporter sa contribution à la lutte contre le feu, qu’il ait franchi les haies de son lopin de terre ou qu’il ait caressé les poutres de son toit ?

IV) « Je n’ai pas le temps de m’occuper de politique » :

Vous parlez de la sorte parce que vous n’avez ni conscience de votre devoir politique ni de l’urgence de vous y astreindre. Si, comme vous le croyez, l’âme est plus que le corps, c’est donc que l’incendie spirituel est plus grave que l’incendie matériel. Et si vous admettez, dans un péril extrême, le devoir de tous de lutter contre la mort corporelle, comment justifiez-vous votre inertie devant la destruction des derniers restes de la chrétienté et de la France ? Vous dites que vous n’avez pas le temps mais puis-je vous demander si le manque de temps peut jamais être opposé à l’accomplissement d’un devoir ? S’il y a un devoir politique des catholiques, il est requis de donner du temps pour honorer cette obligation. Aujourd’hui où tant d’heures sont gaspillées par tant de personnes sur les écrans, êtes-vous vraiment certain que vous ne pouvez trouver quelques heures à donner à votre pays?

V) « Il n’y a plus rien à faire sur le plan politique » :

Cette parole à l’emporte-pièce est démentie par de très nombreuses initiatives locales ou même nationales qui ont été couronnées de succès et ont constitué des victoires modestes mais réelles sur la Révolution. Nous n’avons réellement que l’embarras du choix pour les citer. Qu’on pense par exemple aux recours gagnants de Civitas et de quelques autres associations pour contester pendant les confinements la suppression de la célébration publique de la messe. Que l’on ne nous dise pas que ces succès momentanés et partiels n’empêchent pas les avancées de la Révolution. Nous ne le savons que trop. Mais nous répondons que cela ne doit pas nous empêcher de lutter pied à pied et de dénoncer le défaitisme qui existe dans nos rangs comme le plus grand mal dont nous souffrons dans ces combats. Plût au Ciel que nous eussions toujours pu compter sur tous les Catholiques pour livrer bataille.

VI) « Moi je dis mon chapelet chaque jour pour la France » :

Et je ne puis qu’applaudir à votre prière indispensable sans laquelle nos efforts politiques demeureront vains. Comme le dit en effet le psaume 126: « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs ». Mais Dieu ne demande pas seulement notre prière mais aussi notre action. Il faut et la première et la seconde. David a prié et a ramassé les cinq cailloux dont il s’est servi pour affronter Goliath. Notre sainte Jeanne d’Arc ne cessait de prier mais se trouvait aussi la première sur les champs de bataille. Que votre chapelet ne vous soit donc en aucune façon un prétexte pour vous exempter de l’action.

VII) « Civitas, une poignée d’excités qui risque de mettre en péril les bastions difficilement acquis de la Tradition » :

Il est facile d’utiliser des mots pour discréditer ceux qui essaient de faire quelque chose et se donner bonne conscience…. Excitée, cette brochette enviable de professeurs d’université, d’écrivains, de docteurs, et d’agrégés en de nombreuses disciplines qui appartiennent au Conseil scientifique de Civitas et soutiennent Civitas depuis des années ? Excité, un Président de mouvement qui finit par devenir l’une des rares personnalités en vue du Catholicisme engagé en politique à ne jamais avoir été mis en cause pour ses propos ? Excitée, une action uniquement et inlassablement fondée sur la Doctrine sociale de Jésus-Christ ? Nous craignons qu’aux yeux de ceux qui stigmatisent Civitas de la sorte, saint Paul, les Apôtres, bien des saints, des chefs vendéens, les Cristeros, Garcia Moreno et Louis Veuillot soient aussi des excités. A les entendre, la sagesse consisterait à vivre muselé et tétanisé. Si la République maçonnique décide un jour de fermer couvents, prieurés, écoles, chapelles, elle n’aura pas besoin du prétexte de Civitas. Elle l’a fait à d’autres époques, sans vergogne, et alors que le Catholicisme était incomparablement plus puissant qu’aujourd’hui !

VIII) « Civitas n’exclut pas une participation aux élections » :

Civitas sait parfaitement que la France ne se relèvera pas par les urnes et par les bulletins. Le système républicain est une tyrannie qui s’affuble habilement en démocratie. Il doit être détruit. Est-ce à dire pour autant que toute participation aux élections doit être exclue ? Si, par exemple, dans une commune donnée, nous savons qu’un candidat soutiendra fermement l’école catholique hors contrat qui s’y trouve, tandis que l’autre fera tout pour la fermer, faut-il refuser de voter ? Ou même, si un candidat à la présidentielle inscrivait dans son programme l’abolition des lois Veil et Taubira, faudrait-il s’interdire de voter pour lui ? Avec Monseigneur Lefebvre et la grande majorité des penseurs contrerévolutionnaires, nous ne le pensons pas : «Vous qui êtes chefs de famille, vous avez une grave responsabilité dans votre pays. Vous n’avez pas le droit de laisser votre pays envahi par le socialisme et le communisme. Vous n’en avez pas le droit ou vous n’êtes plus catholiques. Vous devez militer au moment des élections pour avoir des maires catholiques. Ce n’est pas faire de la politique cela…ou plutôt, c’est faire de la bonne politique, la politique comme l’ont fait les saints »1.

IX) «Moi, je n’admets que « la bataille inférieure » et « la bataille supérieure » définies par Jean Vaquier dans « La bataille préliminaire» :

Vous ne devez pas être alors gêné par la stratégie de Civitas. Jean Vaquier admet bien, en effet, dans ce qu’il nomme la bataille inférieure, et une activité conservatoire pour maintenir les bastions qui existent et une activité plus offensive, qui doit être conduite avec prudence : «L’activité conservatoire peut, à certains moments, exiger des coups d’audace. Le combat des traditionalistes en fournit déjà quelques mémorables exemples et il est vraisemblable qu’il en fournira d’autres ». Et, lorsqu’il évoque la bataille supérieure, l’auteur se demande si la minorité catholique doit s’interdire tout prosélytisme. A cette question, il répond ainsi: «Une telle restriction serait impossible à réaliser et elle ne serait d’ailleurs pas souhaitable. Un prosélytisme modéré est nécessaire. Il est révélateur d’une sainte vitalité ».

Il ne nous paraît donc pas juste, au nom de la « bataille préliminaire » de récuser un combat comme celui de Civitas qui cherche à simplement utiliser les quelques opportunités qui se présentent et pour desserrer le bâillon et pour ramener les âmes à Dieu.

X) « Que Civitas cesse son action politicarde, mène enfin un combat politique digne de ce nom et nous lui apporterons notre soutien » :

La notion de « politicaillerie » proférée contre Civitas est à nos yeux la plus mystérieuse de toutes. En effet, ce qu’on appelle « la politicaillerie » nous paraît être un simulacre de vie politique où l’on manigance pour servir ses intérêts propres, où l’on travaille pour sa carrière, sa réélection et ses prébendes. S’il en est bien ainsi, quels seraient alors les fondements de pareils reproches à l’égard des responsables de Civitas dont aucun n’est élu et ne brigue une place ? Qui sont bénévolement au service du combat politique de Civitas ? Civitas n’ayant d’autre ambition que d’embrasser la doctrine sociale de l’Eglise d’avant Vatican II et de la mettre en application, est-ce ce programme doctrinal et d’action qu’il convient de nommer de la « politicaillerie » ? Que ceux qui émettent ces jugements veuillent bien nous expliquer alors en quoi consisterait le combat politique au service du Christ Roi des nations ? En attendant, nous considérons cette attaque comme dénuée de sens et mise en avant pour se dédouaner à bon compte de bouger le petit doigt.

Alors ? Ne tergiversez plus ! Dieu donne à la France la grâce d’un mouvement politique authentiquement catholique : ne la laissez pas passer. Ainsi que le disait le cardinal Pie, comprenez réellement que « le sort de la France est entre vos mains ».

Jean-François BOUVINES

1 Mgr Marcel Lefebvre, in «Sermons historiques», Editions Servir, 2001, p. 98.

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