Il est bon de rappeler que l’essentiel de la procréation médicalement assistée consiste à injecter des spermatozoïdes directement dans l’ovule provenant de la femme. Il se passe alors une fécondation in vitro (FIV). On obtient un embryon dont le développement est suivi au microscope. S’il se développe mal il sera jeté. S’il est sain, il sera implanté dans l’utérus de la mère. On obtiendra un « bébé éprouvette ».
La plasticité de l’embryon est telle qu’il est possible de prélever une cellule afin de l’étudier. Il s’agit d’une recherche orientée pour savoir s’il est porteur de maladies génétiques éventuellement portées par les parents. Les maladies chromosomiques comme la trisomie sont dépistées ; mais l’étude de l’ADN des gènes permet de mettre aussi en évidence un certain nombre de maladies portées par l’embryon. Il est même possible de dépister des potentialités de maladies. C’est ce qu’on appelle le DPI ou diagnostic préimplantatoire parce qu’il est pratiqué avant que l’embryon soit implanté. Cet examen coute actuellement très cher. Il est donc limité à des suspicions de maladies graves. Actuellement les laboratoires concernés en France n’en font au total que 500 par an environ.
En Amérique ce type d’examen se fait beaucoup plus facilement. Ainsi en Amérique Mme Lévy s’est fait prélever treize ovules. Ils ont été fécondés par les spermatozoïdes du mari. Tous les embryons ont été étudiés. Douze d’entre eux présentant des risques futurs de maladies ont été éliminés. Un seul a été implanté. Un enfant est né prénommé Connor. C’est théoriquement un enfant parfait. Son cas est suivi avec intérêt. Mais ce qui pose problème de manière insistante dans la FIV est le prélèvement d’ovules de la mère qui se fait sous anesthésie générale et il est douloureux.
La firme Genepeeks a mis au point un système aboutissant au même résultat simplement en étudiant le sperme du donneur. L’ADN masculin se voit confronté à un ensemble de données statistiques concernant la femme elle-même ; ce qui se nomme un algorithme. Il y a une simulation de la reproduction en combinant le potentiel génétique de l’homme et celui virtuel de la mère. On obtient le potentiel génétique théorique ou virtuel du futur embryon. Ce qui permet de dépister les 500 maladies génétiques les plus fréquentes dont il pourrait être atteint. En pratique on dira par exemple au donneur que s’il a un enfant, celui-ci fera un diabète à l’âge de 40 ans ; ou qu’il sera schizophrène ; ou qu’il naîtra atteint de la mucoviscidose.
Mieux encore, il est possible de se passer du sperme du donneur. Celui-ci à un potentiel génétique déterminé sur toutes les cellules de son corps. Il suffit donc tout simplement de recueillir quelques cellules de la bouche pour obtenir le même résultat. Il en coûtera 1500 US $ soit 1300 euros.
Le donneur saura donc exactement si son futur enfant avec quelque femme que ce soit, sera génétiquement sain et jusqu’à quel point.
Globalement le système apparaît comme très satisfaisant ; l’examen est simple et ne détruit pas d’embryons. Ce qui a priori ne devait pas poser de problème moral ; notamment pour les catholiques.
Cependant toute la démarche a un côté très inquiétant. Car demain on sélectionnera ces embryons virtuels sur la couleur des cheveux ou des yeux. Le rêve d’Hitler sera réalisable : sélectionner une race supérieure par exemple. Nous sommes alors en plein eugénisme. Tel est la dérive de la procréation médicalement assistée. Personne ne peut dire si et quand cette dérive cessera.
Dr Jean-Pierre Dickès
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