Le Carré Parisien d’Olivier Demeocq recevait le mardi 1er juillet Roueida Khoury, présidente de  l’association  Chrétiens de Syrie pour la Paix, à l’initiative de laquelle a été présentée une conférence sur « L’opposition politique en Syrie : mythe ou réalité ? ». Animée par les témoignages par vidéoconférence d’une citoyenne arménienne chrétienne d’Alep et d’un député syrien indépendant, l’événement avait pour vocation de présenter la vision orientale des événements syriens, trop souvent transformés ou traités unilatéralement par les médias occidentaux[1].

SyrieSonia Kaprielan a en premier lieu évoqué sa situation quotidienne ; cette citoyenne arménienne d’Alep dénonce les conditions dramatiques dans lesquelles sont plongés les habitants de la ville. « La ‘’rébellion’’ a coupé les ressources d’eau en fermant deux des quatre canaux alimentant la ville », explique-t-elle, insistant sur la gravité de cette situation au plan humain. L’eau est en effet utilisée pour l’alimentation quotidienne mais également pour les hôpitaux et organismes sanitaires ; par ailleurs, des quartiers d’Alep sont de façon récurrente privés d’électricité et bombardés[2]. Désormais, la population vit de la charité de ses voisins ; certains réfugiés parviennent à s’abriter dans les sous-sols des églises. Sonia Kaprielan a tenu à faire part des espoirs des habitants de la ville quant à une prochaine intervention de l’ONU et a dénoncé le concours de la Turquie dans ce conflit, qui permettrait le passage des troupes ‘’rebelles’’ armées vers Alep. A l’aube du centenaire du génocide arménien, cette situation se doit d’être soulignée.

Boutros Merjaneh, député sans étiquette politique, a ensuite exposé son point de vue sur la situation syrienne de ces quatre dernières années. La Syrie est, fin 2010, un état indépendant et son autorité étatique émane du consentement de son peuple souverain. Certes, le gouvernement en vigueur connaissait des faiblesses et n’était pas exempt de corruption et de privilèges[3] élitistes. Mais des éléments positifs s’en dégageaient : croissance économique forte, maintien de la monnaie syrienne,  importance du rôle du secteur primaire à l’échelle économique, enjeux sociaux déterminants[4].

La crise commence en mars 2011, à Daraa (à la frontière jordanienne) ; dans ce village, dix à douze collégiens auraient été arrêtés et maltraités par le gouvernement pour avoir produit des inscriptions contre le régime. Des manifestations de contestation sont nées à l’issu de cet événement et ont été filmées par des médias particulièrement bien équipés (Al Jazeera, Al arabiya, France 24 notamment). Aucun des élèves n’a pourtant pu être identifié et les preuves des mauvais traitements subis n’ont pas été établies ; le traitement médiatique de cette affaire est par conséquent contestable, proposant une version unique des faits. L’Etat a usé de la manière forte pour endiguer ces mouvements de contestation, ses revendications n’ayant pas été exposées de manière précise.

Trois mois après les manifestations, les armes apparaissent dans les rangs des opposants qui, médiatisés par la presse occidentale, prennent conscience de leur pouvoir. Bientôt, des mercenaires étrangers s’inscrivent à leurs côtés, fédérés par la revendication de la chute du régime et non son changement. D’aucuns réclament toutefois l’établissement d’un régime islamique, dont les fatwas sont à mille lieues des racines de la religion véritable de l’islam. L’assistance portée par les régimes occidentaux à ces pseudo-rebelles, notamment le soutien financier octroyé à l’armement des milices, s’est enrichi d’un silence médiatique assourdissant de la presse occidentale sur les agissements des opposants[5]. Le 20 mai 2014, Barack Obama s’est ainsi exprimé sur CBS : « Nous avons passé beaucoup de temps à travailler avec l’opposition syrienne modérée ». La France, forte de ses qualités de démocratie éclairée, a quant à elle contesté le choix du résultat du vote des élections présidentielles du 3 juin 2014 plébiscitant Bachar el-Assad (pour le parti Baas) à 88,7 % des voix.

Le député syrien a conclu son exposé en insistant sur l’urgence de proposer des réformes constructives pour son pays ; l’Etat en vigueur doit effectivement lancer de nouvelles mesures, dans un climat de dialogue avec une opposition convaincant le peuple et non une brigade armée militante. Selon lui, il convient de « revenir aux valeurs de la République française hautement considérée » afin que la Syrie redevienne ce « berceau de la paix » qu’elle était autrefois.

 


[1] Madame Khoury a notamment dénoncé France 24, qui a selon elle participé avec assiduité à cette désinformation.

[2] Ces destructions ont engendré la dégradation (voire pour certains d’entre eux la destruction) de bâtiments civils -écoles, dispensaires, orphelinats, industries – mais également religieux – tel que l’église Saint-Grégoire-Illuminateur.

[3] A cet égard, l’article 8 de la Constitution a été dénoncé.

[4] De 2000 à 2010, une baisse du déficit publique et une croissance du PIB national ont été observées. Selon le député, l’accès aux soins et à l’éducation ont également été des faits notoires de ce gouvernement.

[5] Notamment sur le siège de quatre mois qu’a connu Alep et qui s’est vu prolongé par les velléités des multiples chefs des brigades armées qui ne voulaient pas le lever. L’armée syrienne étant présente dans la ville, celle-ci devient la proie de bombardements récurrents.

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