stade toulousainBeaucoup se plaisent à mettre en parallèle le foot et le rugby avec des valeurs différentes. C’est vrai que les joueurs de rugby sont beaucoup plus sympathiques. On ne verra jamais un rugbyman râler auprès d’un arbitre pendant le match ni critiquer sa décision. Il faut dire que le rugby accepte l’arbitrage-vidéo dans certaines conditions et cela limite donc les erreurs d’arbitrage. Il y a plus de fair-play et de respect de l’adversaire comme la haie d’honneur des vainqueurs aux vaincus. Cependant moins populaire que le foot, le rugby commence à attirer les télévisions, les sponsors et les investisseurs.

Les budgets des clubs du top 14 sont inférieurs aux plus gros calibres de la L1. Ainsi le Stade Toulousain a un budget de 35 millions d’euros (équivalent du 11ème budget de L1 : FC Lorient avec 36 millions), ASM Clermont 26 millions (équivalent 17ème budget de L1 : Stade de Reims avec 27). Dix ont davantage des budgets de club de L2. Mais le plus intéressant est l’évolution de ces budgets et les nouvelles arrivées financières. En 2002, le budget du Stade Toulousain était de 10 millions. En 2002-2003, le sponsoring est à l’origine de 45,3 % des recettes du club. Plus de cent cinquante entreprises plus ou moins grandes donnent une participation (10 000 à 30 000 euros pour les petites, 150 000 à 600 000 euros par an pour les grandes : Groupama, EADS, Peugeot, Derichebourg, Crédit agricole…). Les produits dérivés, le merchandising sont devenus un poste important avec 1,8 million d’euros (en 2002-2003). L’ASM Clermont a nettement renfloué ses caisses depuis son titre de champion de 2010. Le club est devenu le principal vecteur positif de la ville. Isidore Fartaria, président de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) est catégorique : « Je peux vous dire que Clermont en bas de tableau, ce serait une catastrophe pour la ville. » Les salons du stade Michelin accueillent des cadres et chefs d’entreprise et parfois des contrats se signent. La succursale régionale d’une grande banque (le Crédit Agricole)  propose à ses clients une carte Bleue aux couleurs des “Jaunards” ainsi qu’un chéquier illustré de photos de joueurs en action. Michelin finance le club à hauteur de 10% de son budget soit 2,5 millions d’euros. Quant au RC Toulon, son budget se décompose ainsi : 9,6 millions de partenariats, 7,7 millions de billetterie, 4,5 millions de boutiques RCT, 3,1 millions de subventions des collectivités publiques, 2,1 millions de droits télé et Coupe d’Europe, 2 millions de revenus de la société Rouge et Noir Image pour la gestion des partenariats et 1 million de Burrda Sport (équipementier).

Le rugby ne se professionnalise qu’en 1995 et il permet ainsi la rémunération des joueurs. Au foot, le professionnalisme apparaît en 1885 dans une partie de l’Angleterre. Il prend son essor dans les années 1920-1930 dans les autres pays. Le rugby pratique le salary cap ce qui n’est pas le cas de la L1 (à part Saint-Etienne) même si on constate une évolution. La LNR (ligue nationale de rugby) a fixé à 10 millions d’euros le montant total de la masse salariale. Cependant certains clubs arrivent à contourner le système. Le salary cap ne comprend pas tout ce qui touche de près ou de loin aux entraîneurs et ne s’occupe pas des sommes versées par les sponsors et les partenaires du club, tout comme les primes à la signature ou les prolongations de contrat. Cela permet de faire venir des stars mondialement connues et de les attirer. Lors de la signature du joueur, certains sponsors vont offrir des compléments de rémunération via les droits à l’image du joueur. C’est un fonctionnement tout à fait légal qui permet à un joueur de revoir à la baisse certaines prétentions salariales mais de s’y retrouver largement financièrement. Cependant ça favorise les plus gros budgets ce que le salary cap est censé éviter. Le joueur le mieux payé du top 14 est le Toulonnais Jonny Wilkinson avec 56.000 euros net par mois. Il est suivi par Jonathan Sexton du Racing Métro avec 52.000 euros. On est donc bien loin des salaires de certains footballeurs de L1.

 

canal+ top 14Le Top 14 est diffusé par Canal+ mais la LNR dispose d’une fenêtre depuis le 1er septembre et jusqu’au 31 décembre pour dénoncer ce contrat et procéder à un nouvel appel d’offres. L’accord actuel, signé en mai 2011 et courant sur cinq ans (entre les saisons 2011-2012 et 2015-2016), prévoit le versement d’une somme annuelle de 31,7 millions d’euros, dont 4,5 millions de part variable. BeIN Sport affiche un intérêt certain pour les droits télé du Top 14. La LNR entend en profiter pour faire monter les enchères.  Les plus optimistes des présidents de clubs espèrent voir ce montant quadrupler lors du prochain appel d’offre. Mais la LNR cherche aussi à augmenter les droits TV en compétition européenne. Mécontent de la gestion actuelle des droits sur la coupe d’Europe de rugby, les clubs français, aidés par leur homologue anglais, ont annoncé la création d’une compétition concurrente le 24 septembre dernier. Baptisée la Rugby Champions Cup, cette compétition devrait permettre aux ligues françaises et anglaises de négocier elles-mêmes directement avec les chaînes de télévisions. Ces dernières versaient jusqu’à présent 45 millions d’euros pour diffuser la H-Cup, la Coupe d’Europe actuelle (dont 5 millions pour France Télévisions). Ainsi la ligue anglaise a signé un contrat de 180 millions d’euros avec British Telecom pour la diffusion des matchs de ses clubs en championnat et en coupe d’Europe.

Ce phénomène tardif s’explique par l’évolution plus lente du rugby dans le monde professionnel du sport. Cependant les dernières coupes du monde ont beaucoup contribué à sa médiatisation. Certains grands joueurs de rugby entrent dans la catégorie des stars.  Le rugby est devenu un sport où il fait bon investir. Si les droits TV sont moindres, les clubs s’appuient beaucoup sur le marketing et le sponsoring. Le rugby reste malgré tout plus ou moins préservé de ce côté business, ce qui lui donne un côté familial et populaire, mais pour combien de temps encore ?

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