L’économie israélienne se porte bien. En partie grâce au vote en 2008 d’un amendement officiellement destiné à encourager l’alyah en exemptant les nouveaux immigrants de payer des impôts sur les revenus étrangers. De quoi, en pratique, faire d’Israël un paradis pour les évadés fiscaux et les mafieux recherchant le moyen de blanchir leur argent sale. 

Et dans le domaine des nouvelles technologies, Israël est aussi devenu le centre de l’industrie frauduleuse des options binaires, au point d’inquiéter certains médias israéliens qui considèrent que cela développe l’antisémitisme.

Quant aux politiciens israéliens, ils ne se portent pas mieux que les nôtres : un ancien Premier ministre est en prison pour corruption, et l’actuel Premier ministre est lui-aussi au centre de plusieurs enquêtes pour corruption.

Voici quelques extraits significatifs d’un long article publié par Times of Israël :

« Pourquoi Israël est-il devenu si riche, et semble pourtant si corrompu ? Comment le pays peut-il si bien réussir alors que 80 % des salariés ne peuvent pas se payer un appartement, à moins que leur famille n’ait de l’argent ? Il serait ridicule du suggérer une réponse simple et prête à l’emploi. Et pourtant, certains observateurs indiquent qu’en 2008, Israël a pris un tournant vers sa trajectoire actuelle, ou peut-être était-ce le moment où une tendance qui existait déjà dans la société israélienne s’est accélérée. 2008 a été l’année de la crise financière mondiale. 2008 a été l’année où les Etats-Unis ont commencé à s’en prendre au secret bancaire suisse. 2008 a été l’année où le prix des appartements israéliens a commencé sa fulgurante ascension, augmentant de 114 % en moins de dix ans. 2008 a été l’année où la première grosse entreprise d’options binaires israélienne, AnyOption, a été fondée. 2008 a également été l’année où Israël a adopté un amendement sans précédent de sa loi fiscale, qui, selon ses détracteurs, était principalement un coup de coude et un clin d’œil aux potentiels évadés fiscaux et aux blanchisseurs d’argent du monde entier pour qu’ils s’installent en Israël et y blanchissent leur argent. Présentée comme une législation visant à encourager l’alyah [immigration en Israël] des Juifs de l’étranger, l’amendement 168 à l’Arrêté relatif à l’impôt sur le revenu a été adopté en septembre 2008 par le Premier ministre Ehud Olmert. La modification (qui s’appliquait de manière rétroactive à partir du 1er janvier 2007) accorde une exemption fiscale de dix ans sur les revenus gagnés à l’étranger par les olim hadashim [nouveaux immigrants], et par les toshavim hozrim vatikim [citoyens de retour, qui ont vécu au moins dix ans à l’étranger] et par d’autres résidents éligibles. De plus, la loi amendée accorde une exemption de dix ans pour déclarer les revenus étrangers des personnes de ces catégories. »

Avichai Snir, économiste à l’université Bar-Ilan, le dit clairement.

« L’idée était d’encourager l’alyah des personnes riches en transformant Israël en paradis fiscal. La nouvelle loi a clairement donné un coup de coude et fait un clin d’œil aux personnes qui avaient de l’argent sale et voulaient le blanchir. »

Times of Israël écrit encore :

« Les experts interrogés sur l’amendement pensent que c’est probablement un ou plusieurs Juifs fortunés vivant à l’étranger qui a lancé l’initiative parlementaire, mais personne ne s’en est jamais vanté. L’amendement lui-même a été présenté par le ministère de l’Intégration des immigrants et soutenu par l’Autorité fiscale israélienne, l’Agence juive, Nefesh B’Nefesh et les députés Sofa Landver (Israël Beytenu), Zeev Elkin (Likud) et Yuli Edelstein (Likud). Qui d’autre était derrière cette mesure ? Pendant une audition de la Knesset sur l’amendement en 2008, un représentant de l’Agence juive a mentionné qu’un groupe d’Israéliens anonymes vivant à l’étranger avait été à la tête de ce combat. Pinhas Rubin, avocat du producteur hollywoodien milliardaire Arnon Milchan et d’autres magnats, a été un fervent partisan, mais n’a jamais révélé lesquels de ses clients il représentait. Néanmoins, l’amendement a été surnommé « loi Milchan » par la presse israélienne à l’époque. « Ça a le nom de Milchan parce qu’il a été le premier milliardaire connu à en profiter », a déclaré Snir. Le nom de Milchan fait souvent l’actualité en ce moment, en raison de ses liens avec les accusations de corruption qui ont cours à l’encontre du Premier ministre Benjamin Netanyahu. »

« L’amendement est aussi souvent appelé, de manière moqueuse, l’avantage fiscal des oligarques russes. Certains de ses soutiens, notamment Yuli Edelstein et Sofa Landver, auraient aidé des oligarques russes, à d’autres occasions, à obtenir des passeports israéliens. Un reportage diffusé par la Neuvième chaîne israélienne, qui est diffusée en russe, affirmait que les deux députés avaient signé des dizaines de recommandations chacun pour des oligarques russes qui ne vivent pas réellement en Israël pour qu’ils reçoivent des passeports israéliens, qui leur sont utiles dans leurs affaires commerciales. »

Yoseph M. Edrey, professeur de droit fiscal à l’université de Haïfa :

« C’est l’un des amendements les plus honteux que cette Knesset ait jamais légiféré. »

Et Times of Israël de donner d’autres détails :

« L’étude sur la migration des millionnaires de l’entreprise décrit Israël comme la quatrième destination la plus populaire au monde pour les millionnaires en 2015, après l’Australie, les Etats-Unis et le Canada. L’étude affirme que 4 000 personnes très fortunées se sont installées en Israël en 2015. Deux milles d’entre elles se sont installées à Tel Aviv. L’étude définit les individus très fortunés comme des personnes ayant plus d’un million de dollars d’actifs, sans prendre en compte la valeur de leur résidence principale.

Fait intéressant, James Packer, le milliardaire australien qui, selon la Dixième chaîne, a offert du vin, des dîners, des cigares et du champagne à la famille du Premier ministre Netanyahu, chercherait à obtenir un statut de résident permanent en Israël, même s’il n’est pas juif, pour pouvoir bénéficier d’une exemption fiscale sur des revenus étrangers grâce à l’amendement 168. L’amitié de Packer avec la famille Netanyahu, ainsi qu’avec Milchan, a attiré l’attention des médias après les enquêtes de corruption menées par la police contre Netanyahu. »

« (…)Snir a conclu qu’au moins 15,3 milliards de shekels d’argent sale changeaient de main chaque année dans le secteur immobilier israélien, et que ce chiffre était probablement plus important. »

« (…) Une alyah criminelle ? En novembre dernier, la police israélienne a arrêté 35 personnes soupçonnées de gérer un réseau d’arnaque souterrain. Les 35 personnes, du simple vendeur au cerveau du réseau, ont été accusées de blanchiment d’argent, de fraude aggravée, de conspiration dans le but d’arnaquer des individus et de mensonges sur leurs identités. Elles auraient agi depuis des centres d’appels secrets situés dans des appartements des villes d’Ashkelon, d’Ashdod et de Netanya. Elles ont arnaqué des personnes en Europe et en Amérique du Nord en utilisant diverses tromperies. L’une des méthodes était celle de l’arnaque au PDG, où le fraudeur prétend être un cadre dirigeant d’une compagnie européenne, et persuade des employés de transférer de l’argent vers les comptes en banque des fraudeurs. D’autres employés auraient appelé des entreprises en Europe pour vendre des biens et des services qui n’ont jamais été fournis. Certains auraient trompé des clients séduits par des investissements frauduleux dans les marchés du Forex et des options binaires. « C’est une affaire élaborée, complexe et mondiale qui implique un très grand nombre de suspects », a déclaré un procureur au juge pendant l’audience de deux des vendeurs présumés, Hinaneet Williams et Melinda Knafo. »

« (…) Chaque jour, des milliers d’Israéliens, dont beaucoup sont jeunes, et beaucoup sont de nouveaux immigrants, se lèvent et vont travailler dans les centaines de centres d’appels où ils commettent précisément les mêmes crimes que les 35 personnes arrêtées : mensonge sur leurs identités et conspiration en vue d’arnaquer des clients à l’étranger. La police n’a pas encore arrêté ces milliers d’arnaqueurs, mais il n’y a pas de raison de penser qu’elle ne le fera pas. Certains de ces centres d’appels se trouvent dans des appartements et paient leurs employés en liquide. D’autres ont des bureaux et procurent des feuilles de paie légales. Certains vendent des investissements frauduleux dans le forex, d’autres des options binaires, des « diamants d’investissement » ou des services louches pour des Cartes vertes, des serruriers ou des déménagements. »

« (…) Sans mentionner l’une des plus importantes affaires de fraude de l’histoire française, surnommée « l’arnaque du siècle », dans laquelle plus d’un milliard d’euros a été volé entre novembre 2008 et juin 2009 au gouvernement français, et qui a été en grande partie menée depuis un bureau de Tel Aviv par des personnes récemment arrivées de France, selon Haaretz. Dans la communauté des olim français, c’est un secret de polichinelle qu’une petite partie, peut-être quelques centaines, des dizaines de milliers d’immigrants arrivés ces dernières années sont des figures du crime organisé qui ont emménagé en Israël pour pouvoir y continuer leur activité criminelle. »

« (…) Dans un entretien accordé en mai 2016 au Times of Israël, Laurent Combourieu, le directeur des enquêtes de l’Autorité des marchés financiers (AMF), a déclaré qu’il existait un chevauchement entre les citoyens franco-israéliens qui étaient impliqués dans la fraude de la TVA carbone menée contre le gouvernement français depuis Israël, et les auteurs de l’actuelle vague de fraude aux transactions ciblant sur internet des francophones. Ces six dernières années, a déclaré en mars le procureur de Paris, les citoyens français ont perdu 4,5 milliards d’euros dans des arnaques aux transactions en ligne ou des arnaques au PDG. Une grande partie de ces arnaques, a déclaré l’AMF au Times of Israël, si ce n’est la totalité, ont eu lieu depuis Israël. Jusqu’à présent, un petit nombre d’arnaqueurs de centre d’appels francophones ont été arrêtés, comme le groupe de 35 personnes en novembre, mais la plupart d’entre eux continuent à agir en toute impunité. »

« (…) Et les fraudeurs ne viennent pas que de France. Un examen des entreprises d’options binaires israéliennes qui apparaissent dans les « Panama papers » révèle un grand nombre de noms de propriétaires israéliens et arabes israéliens, mais aussi beaucoup de noms français, russes et nord-américains. Pour l’anecdote, le Times of Israël a appris que plus de la moitié de la deuxième génération d’Israéliens de Los Angeles récemment revenue en Israël travaillait dans les options binaires, et certains à des postes importants. »

« Plusieurs immigrants italiens ont déclaré au Times of Israël qu’une importante part des plusieurs centaines de jeunes Italiens qui emménagent chaque année en Israël vont travailler dans le Forex ou les options binaires, et que certains sont venus en Israël avec l’intention de travailler dans ces industries frauduleuses. « C’est tabou en Israël de dire quelque chose contre la loi du Retour ou l’encouragement à l’alyah », a déclaré Moran Harari, directrice du Réseau pour la justice fiscale en Israël. »

« (…) dans le dernier rapport sur la stratégie de contrôle international des stupéfiants (INCSR), publié en 2016 par le département d’Etat américain, Israël est listé comme « un pays important de blanchiment d’argent », la plus élevée de trois catégories, définie comme un pays « dont les institutions financières s’engagent dans des transactions en devise impliquant des montants importants de recettes du trafic international de stupéfiants. » Le rapport ajoute que « la loi du ‘droit au retour’ de citoyenneté d’Israël signifie que des figures criminelles trouvent facile d’obtenir un passeport israélien sans devoir répondre à des exigences de résidence depuis plusieurs années. Il n’est pas rare que des figures criminelles suspectées de blanchiment d’argent détiennent un passeport dans leur pays, dans un pays tiers pour leurs affaires, et en Israël. »

 

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