A l’heure où le laïcisme continue son oeuvre de destruction et où la civilisation chrétienne s’effondre, il est bon de se rappeler les Vérités qu’implique la venue du Saint Esprit sur les apôtres le jour de la Pentecôte.
Vous trouverez ci-dessous un sermon prononcé par Mgr Lefebvre le 17 mai 1975, qui met bien en lumière les forces et les erreurs à l’oeuvre dans la destruction de l’Eglise et de nos sociétés. A lire jusqu’au bout.
« Nous profiterons de ces quelques instants pour évoquer ce que cette fête de la Pentecôte nous suggère. Essayons de nous représenter ce que pouvait être ce jour de l’Ascension et le moment pendant lequel Notre Seigneur est monté au Ciel. Les apôtres voyant Jésus monter au Ciel et disparaître dans les nuées, avaient les yeux fixés sur le Ciel.
Et nous les comprenons bien, eux qui avaient vécu avec Notre Seigneur devaient éprouver ce sentiment – et cet instinct si l’on peut dire – de savoir et de comprendre qu’ils avaient eu auprès d’eux le Ciel. Car qu’est-ce que le Ciel, sinon Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même, le Verbe de Dieu ? Ils avaient donc, en définitive, le Ciel dans leurs mains en quelque sorte. Ils le goûtaient et cette présence de Notre Seigneur auprès d’eux devait leur donner un charme, une paix, une sérénité inaltérable ; une confiance absolue.
Or voici que Notre Seigneur s’échappe de leurs regards et disparaît. Et c’est pourquoi leurs yeux restaient fixés vers le Ciel. Voici que les anges leur disent : Mais que faites-vous là ? Pourquoi attendez-vous ? Un jour Jésus reviendra comme Il est monté.
Et les apôtres se sont donc réunis au Cénacle pour attendre la venue de l’Esprit Saint. Car c’était cela que Notre Seigneur voulait leur donner. Le Ciel avait disparu de leurs yeux et presque de leurs coeurs, or précisément c’était le Ciel que Notre Seigneur voulait leur donner et leur donner par l’Esprit Saint.
Car ce n’est pas autre chose que l’Esprit Saint dans nos coeurs ; c’est le Ciel dans nos coeurs. C’est le Paradis commencé dans nos âmes. Si nous comprenons bien ce qu’est le Saint-Esprit et la grâce que le Bon Dieu nous donne par l’Esprit Saint dès le jour de notre baptême et par tous les sacrements que nous recevons et particulièrement dans la Sainte Communion, nous comprendrions que c’est le Ciel que nous recevons.
Les apôtres ont été remplis de l’Esprit de Jésus au moment de la Pentecôte et donc le Ciel a pris possession de leurs âmes et de leurs coeurs et jamais plus ils ne sont séparés de cet Esprit Saint et de Jésus. Ils ont compris tout ce que Jésus leur avait dit. Ils ont compris ce qu’était le Ciel par rapport à la terre ; ce qu’était l’esprit par rapport à la chair ; ce qu’étaient ces biens ineffables, ces biens éternels, devant les choses temporelles. Ils ont compris. Jusque là ils n’avaient pas compris.
Et quelle fut l’influence du Saint-Esprit dans leurs âmes ? C’est saint Paul qui nous le décrit par deux fois. Une fois lorsqu’il énumère les différents fruits du Saint-Esprit dans nos âmes. Je ne pourrai vous les énumérer tous, mais il parle de la patience, de la bénignité, de la mansuétude, de la paix, fruits du Saint-Esprit dans les coeurs. Et il le redit lorsqu’il parle des avantages de la charité, des qualités de la charité :
Caritas patiens est, benigna est, caritas omnia suffert, omnia crédit, omnia sperat (1 Co 13, 4 et la suite) : « La charité est patiente, la charité souffre, la charité croit, la charité espère, la charité aime, la charité demeure toujours ».
Voilà ce que saint Paul énumère et décrit de la charité, décrit de l’Esprit Saint. Et c’est cela l’Esprit Saint. C’est à cela que nous reconnaîtrons si nous avons l’Esprit Saint en nous. Si nous sommes humbles, doux, charitables, paisibles. Voilà les fruits que Notre Seigneur donne à ceux qui reçoivent le Saint-Esprit.
Cet Esprit Saint que nous avons en nous, que nous donne-t-il ? Que nous inspire-t-il ? Écoutons ce que racontent les Actes des Apôtres. Les Actes des Apôtres disent que dès que les apôtres ont reçu le Saint-Esprit, ils ont parlé. Ils avaient reçu des langues de feu, qui les désignaient, qui les marquaient, qui manifestaient la descente du Saint-Esprit en eux. Mais ces langues de feu ne signifiaient pas autre chose que désormais, ils avaient un coeur de feu. Un coeur de feu qui les ferait parler, qui les ferait prêcher. Parler de qui, de quoi ? De Notre Seigneur Jésus-Christ. Car c’est l’Esprit de Jésus qu’ils ont reçu : « Je vous enverrai mon Esprit ». C’est donc l’Esprit de Notre Seigneur et ils ont parlé de Notre Seigneur.
Et la phrase peut être la plus caractéristique des discours de saint Pierre alors que rempli du Saint-Esprit, il ne pouvait s’empêcher de parler, de prêcher déjà l’Évangile, de prêcher Notre Seigneur à tous ceux qui l’entouraient, il a dit :
Et non est in alio aliquo salus (Ac 4,12) : « Il n’y a pas de salut en dehors de Lui ».
Nec enim aliud nomen est sub cælo datum hominibus in quo oporteat nos salvos fieri (Ac 4,12) : « II n’y a pas d’autre nom par lequel nous devons être sauvés ».
Il n’y a pas d’autre nom que celui-là par lequel tous les hommes doivent recevoir le salut. Voilà la vérité essentielle, la vérité capitale. La vérité qui résume toute la vérité de l’Église. L’Église n’a été fondée que pour cela, pour donner le salut aux âmes par Notre Seigneur Jésus-Christ, en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et par conséquent, c’est le devoir de l’Église et ce sera votre devoir, mes bien chers amis, vous tous, lorsque vous serez prêtres, lorsque vous aurez comme mission de prêcher l’Évangile, de prêcher le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est cela que le Saint-Esprit a inspiré aux apôtres : le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est Roi. Il a le droit de régner. Il a le droit. Et c’est un fait historique. Sa présence, entrée dans l’Histoire, ne peut plus être ignorée des hommes. Aucun homme ne peut ignorer que Notre Seigneur Jésus-Christ est venu pour les sauver. Et les hommes qui savent que Notre Seigneur est venu et par conséquent que Dieu est venu parmi eux pour les sauver, doivent accepter son règne, le règne de Notre Seigneur. Pas seulement le règne dans les individus et dans les personnes ; pas seulement le règne en chacun d’entre nous, mais le règne dans les familles, dans les foyers et le règne dans la Cité.
Ah voici qui est beaucoup plus difficile ! Admettre que Notre Seigneur doit régner sur les nations. Il est le Roi des nations. Il est Celui qui jugera, qui jugera tous les princes et les rois. Cela est inscrit déjà dans les psaumes. Et par conséquent, nous, nous devons être les hérauts du royaume de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est cela que nous devons prêcher partout. Qu’il n’y aura pas de bonheur ici-bas, sans le royaume de Notre Seigneur Jésus-Christ. Que rien ne se fera de bien ici-bas sans Notre Seigneur Jésus-Christ. On ne peut rien faire sans la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est Lui qui est la source de tous nos actes méritoires. Nous ne pouvons pas mériter quoi que ce soit pour le Ciel, si nous n’avons pas en nous la grâce et l’Esprit de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Voilà des vérités qui sont évidentes pour les chrétiens, évidentes pour l’Église, mais que l’on ne veut pas recevoir et que beaucoup de catholiques aujourd’hui ne veulent plus recevoir.
On trouve inadmissible qu’il n’y ait pas de salut en dehors de l’Église. Qu’il n’y a pas de salut en dehors de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et tout dernièrement encore je lisais dans le compte-rendu d’un synode épiscopal, que l’on pouvait estimer qu’il y avait des valeurs de salut dans toutes les religions.
Ceci est absolument faux, contraire à toute la doctrine de l’Église. Il n’y a pas de valeur de salut dans une religion fausse, dans une religion erronée. Il n’y a de valeur de salut que dans la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ et par conséquent dans l’Église catholique. Et tous ceux qui se sauvent se sauveront toujours par l’Église catholique, même s’ils sont dans d’autres religions, même s’ils ont vécu dans d’autres religions. Ils ne peuvent se sauver, ils ne peuvent entrer au Ciel que par Notre Seigneur Jésus-Christ. Il n’y aura rien d’autre au Ciel que le Corps mystique de Notre Seigneur, c’est évident.
Quelqu’un qui n’est pas membre du Corps mystique de Notre Seigneur pourra-t-il aller au Ciel, puisque Notre Seigneur Jésus-Christ c’est le Ciel, Il est Dieu et Dieu c’est le Ciel. Par conséquent quiconque n’est pas rattaché à Notre Seigneur Jésus-Christ ne sera pas dans le Ciel. Il n’y aura au Ciel personne qui ne soit membre du Corps mystique de Notre Seigneur.
Voilà des vérités que nous devons nous rappeler. Et je pense pouvoir dire d’une manière certaine que si l’on poursuit malheureusement notre séminaire et notre oeuvre ici, c’est précisément parce que nous affirmons ces vérités.
Parce que le monde ne veut plus entendre ces vérités. Et qu’il faut se conformer à l’homme moderne, qu’il faut écouter l’homme moderne. Qu’est-ce que cet homme moderne ? Qui est-il ? Que représente-t-il ? Sinon bien souvent celui qui ne croit pas en Notre Seigneur Jésus-Christ et qui ne veut pas croire en Notre Seigneur Jésus-Christ ; qui refuse le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui refuse sa grâce. On ne veut plus croire au surnaturel. On ne veut plus croire à la grâce de Notre Seigneur. On ne croit plus qu’à l’homme, à l’homme qui maintenant par sa science semble devoir gouverner le monde à la place de Dieu.
Eh bien, nous affirmons au contraire le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous voulons qu’il règne. C’est pourquoi nous L’adorons et nous cherchons à L’adorer d’une manière qui soit digne de Lui, digne de Notre Seigneur Jésus-Christ, digne de sa présence dans la Sainte Eucharistie. C’est pourquoi nous aimons nos cérémonies et que nous sommes attachés à cette liturgie qui, elle, exprime vraiment ce que nous pensons dans nos coeurs, ce que nous pensons dans le fond de nos âmes. Que Jésus est présent dans la Sainte Eucharistie et que nous L’honorons comme Dieu. Il est notre Roi. Il a droit à nos hommages. Il a droit à nos génuflexions. Il a droit à nos inclinations. Il a droit à des chants qui sont dignes de Lui, dignes du Ciel, qui rappellent le chant des anges. Voilà ce que nous voulons.
Nous voulons aussi L’honorer de notre foi, dans la doctrine que nous enseignons à ces jeunes gens qui sont venus ici pour la recevoir, pour recevoir la vraie foi. La doctrine qui nous apprend que Dieu est tout, que l’homme n’est rien. Que Notre Seigneur Jésus-Christ est le seul moyen de salut et qu’il est le seul moyen de salut qu’il faut prêcher à tous ceux qui veulent se sauver. Voilà ce que nous affirmons, voilà ce que nous croyons.
Mais cela est contraire à ce que veut l’oecuménisme moderne qui veut précisément niveler toutes les religions. Niveler notre religion catholique au niveau de la religion protestante et des autres religions. Cela nous ne l’accepterons jamais. Il n’y a de Dieu que Notre Seigneur Jésus-Christ. Nous ne connaissons pas Luther, ni Bouddha, ni les autres chefs des religions qui ont été tout simplement inspirées par le diable pour détourner les hommes de la Vérité, de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous voulons considérer Notre Seigneur comme notre Roi. Nous voulons qu’il règne dans nos maisons, dans nos familles, dans nos cités. Nous n’accepterons jamais que dans les cités, les religions soient mises sur le même pied.
Sans doute c’est impossible à vouloir immédiatement. Mais nous voulons garder le principe. Sinon il n’y a plus de droit public de l’Église. Le droit public qui donne à l’Église des pouvoirs dans les Sociétés. L’Église est une société qui a des pouvoirs dans la société civile, qui doit être reconnue par la société civile.
Certes actuellement, par la malice des hommes, ses pouvoirs ne sont plus reconnus ou très peu reconnus. Et hélas même dans les pays où ils sont reconnus, ces pays sont persécutés par ceux qui devraient les défendre.
Qui a armé la main qui a assassiné le chancelier autrichien Schuschnigg ? Qui a armé la main qui a tué Garcia Moreno ? Qui poursuit Franco et qui a poursuivi Salazar lorsqu’ils étaient dans leur pays des hommes d’État chrétiens ? Qui voulaient que Notre Seigneur règne dans leur pays. Ceux-là sont persécutés. Ceux-là on les recherche. Ceux-là on essaye de les assassiner. Parce qu’ils veulent que Notre Seigneur règne dans leur pays.
Pourquoi Jeanne d’Arc a-t-elle été brûlée ? Parce qu’elle voulait rétablir le règne de Notre Seigneur dans le pays de France.
Voilà ce que nous devons penser. Voilà ce que nous devons croire. Et cette persécution que nous subissons aujourd’hui, n’est pas autre chose que celle-là. Il ne faut pas la placer sur un autre plan. Ce n’est pas sur des détails que nous sommes attaqués. Nous sommes attaqués parce que nous voulons le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ, le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ, parce que nous voulons l’affirmer, que nous ferons tout pour que ce règne arrive, pour que le règne de Dieu, le règne de Notre Seigneur arrive, le règne de la très Sainte Vierge Marie.
C’est pour cela que nous sommes persécutés. Nous le savons bien. Et particulièrement par ceux qui dans l’Église, pactisent avec l’ennemi. Malheureusement parmi ceux qui pactisent avec l’ennemi, il y en a désormais qui occupent des postes importants dans l’Église et par ces postes importants s’efforcent de nous faire passer aussi dans ce pacte avec l’ennemi et essayent de nous entraîner dans des compromis qui sont absolument inadmissibles ; qui sont contraires à Notre Seigneur Jésus-Christ, contraires à l’honneur de Dieu, contraires à l’honneur de Notre Seigneur et de la très Sainte Vierge Marie. Et cela nous ne le voulons pas.
Dans les inter-communions, dans les hospitalités eucharistiques comme on les appelle maintenant, tout cela ce sont des blasphèmes, des sacrilèges que nous ne pouvons pas accepter. Quis ut Deus ? Voilà ce que nous devons dire : Quis ut Deus Jésus-Christus ? Qui est comme Notre Seigneur Jésus-Christ ? Voilà ce que nous devons croire. C’était le cri de Jeanne d’Arc. C’est le cri qu’elle répétait de saint Michel Archange.
Eh bien, c’est celui-là que nous devons répéter. C’est celui-là que nous devons garder dans nos coeurs pour toujours. Quelles que soient les persécutions que nous puissions subir. Nous devons être unis à Notre Seigneur, unis à la très Sainte Vierge Marie, unis à notre très Saint-Père le pape, unis à tous les évêques de l’Église.
Mais peut-être quelquefois en étant unis avec eux, unis contre eux d’une certaine manière, s’ils disent des choses qui ne sont pas admissibles. Mais si d’une part ils disent des choses admissibles, d’autre part ils disent des choses qui ne sont pas admissibles, nous serons avec eux lorsqu’ils diront des choses admissibles, mais nous serons contre eux quand ils diront des choses inadmissibles. Parce qu’ils se détruisent eux-mêmes, ils détruisent alors l’Église. Et nous, nous voulons au contraire construire l’Église, la construire sur les bases de toujours, pas sur des bases qui nous seraient propres, sur les bases comme celles dont je viens de vous entretenir, celles qui sont inspirées par l’Esprit Saint. Voilà notre désir. Notre but n’est pas autre que celui-là.
Nous demandons aujourd’hui à l’Esprit Saint et à la très Sainte Vierge Marie qui a été remplie de l’Esprit Saint, de nous garder toujours dans l’Esprit Saint, dans cet amour, dans cette charité, dans cette humilité. Nous ne voulons pas nous croire plus que les autres.
Si le Bon Dieu nous donne la grâce de suivre la Tradition, la grâce de demeurer dans la lumière du Saint-Esprit, nous ne nous en glorifions pas, mais nous prierons pour que le Bon Dieu fasse que cette lumière s’étende à nouveau comme autrefois sur tous les pays de l’Europe et sur le monde entier. »
Mgr Marcel Lefebvre, vigile de la Pentecôte, le 17 mai 1975.
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